Et si les éléphants nous parlaient, s’ils nous racontaient leur vie, leurs peurs, leurs joies, leurs colères, leurs ennemis, leurs drames ?
Dans Mémoire d’un éléphant, AlexLasker met en scène un attendrissant petit pachyderme, nommé Ishi. C’est lui qui s’adresse au lecteur, narrant sa naissance et son existence tourmentée. Un récit fictif certes mais très émouvant et qui repose sur des observations des spécialistes: oui, les éléphants sont des êtres sensibles, ils se souviennent, ils vivent en clans, solidaires les uns des autres, communiquent entre eux, ont peut-être conscience de ce qu’est la mort. Et ils sont, de nos jours encore, menacés pour leur précieux ivoire.
Ishi est le héros de ce récit mais les humains, avec leurs passions, leurs amours, leurs déboires, sont largement présents dans cet ouvrage en forme de plaidoyer, s’étalant dans le temps (de 1962 à nos jours) et l’espace (en Afrique mais aussi à New-York, en Suisse, à Londres…), des hommes et des femmes suivis eux aussi pas à pas, page après page, certains pacifiques, généreux — qui hébergent et dorlotent l’orphelin rescapé d’une tuerie — d’autres haïssables, chasseurs, braconniers, propriétaires de cirques.
Dans ce roman, l’éléphant remonte le cours de son existence dans son langage imagé où les humains s’appellent les «deux-pattes», les hyènes les «chiens-boiteux», les véhicules les «fausses-bêtes»:
- Je m’allonge sous les arbres pendant la journée et je mange les herbes que je trouve. Je peux voir suffisamment et mon odorat est encore assez fin. Je me déplace donc dans l’obscurité, et d’un pas mesuré, passant parfois à distance d’un nid de «deux-pattes».
- C’est sous ce ciel que j’espère terminer mon voyage, parmi les amis «deux-pattes» qui m’ont élevé et tous mes amis du troupeau qui m’a adopté il y a bien longtemps, les merveilleuses tantes et cousines qui m’ont accueilli comme si elles étaient toutes mes mères.
- (…) J’irai là où tous les êtres m’ont précédé. Nous, les éléphants, le savons bien. Je veillerai sur ce monde depuis l’immensité du ciel, ou me fondrai dans la terre et ne connaîtrai rien d’autre qu’un sommeil sans rêve.
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