Petite fille, j’ai tour à tour voulu être violoniste, trapéziste, cascadeuse, danseuse, contorsionniste, humoriste, chanteuse et circassienne. En même temps, je me disais qu’aucun n’était un métier sérieux.
Finalement, j’ai compris, des années plus tard, que les rêves étaient faits pour être réalisés et, en parallèle de mes études de sciences économiques et dans le plus grand secret (au début du moins), j’ai fait le conservatoire d’art dramatique. Et je suis devenue comédienne, ce métier qui, pour moi, concrétise tous ceux dont j’avais rêvé́ et me permet d’être qui je veux l’espace d’un instant.
Dans cette vocation, je conçois souvent des textes, quand je crée tant au plateau qu’en mise en scène, toujours des petits bouts d’écrits. Mais, créer tout un livre, en entier, n’était pas une chose dont je me sentais capable.
Avec son lot de bouleversements émotionnels, est arrivé le premier confinement. Je me suis alors trouvée « coincée » dans la réalité. Il fallait que je crée, c’était vital, parce que pour moi, créer, c’est changer le monde, un peu, en donnant à voir, à ressentir, une autre réalité́, une réalité́ qui peut ouvrir et libérer. Le monde avait besoin d’ouverture et de liberté́.
Alors j’ai rassemblé́ d’autres « petits bouts d’écrits », que j’avais éparpillés dans des cahiers, un peu partout ˗ certains datant de mon enfance ˗, et j’en ai inventés de nouveaux. Il s’est avéré́ que rassembler ces souvenirs m’a permis de les ranger, là dans ce livre, pour les offrir mais aussi, les laisser derrière moi, me libérer de certaines entraves, me déconfiner de l’intérieur.
Un mois tout juste. C’est le temps qu’il a fallu pour que je décide que Nunuche était terminé. J’avais écrit un livre. Tout un livre, en entier. En fin de compte, j’en étais capable. Effectivement, le monde s’est ouvert et de nouvelles libertés s’offrent à moi.