Ton livre raconte une histoire très dure, qu'est-ce qui t'a poussée à écrire ça ?
Honnêtement ? Plein de raisons différentes. Il y a une part de hasard – j'ai dix idées de roman par mois, mais pas toujours l'occasion de m'y mettre... une espèce de nécessité intérieure également : la période de l'adolescence me touche énormément, le sort réservé aux filles et aux femmes un peu partout – pas seulement leur sort matériel mais le déni d'humanité, d'importance, qui va avec... bien plus profondément enraciné, et admis, que le racisme... Mon récit est ancré dans l'actualité, les tensions géopolitiques présentes, mais je voulais lui donner une résonance plus générale – parce que sous le traitement réservé à une gamine donnée, en un lieu et un temps donnés, se joue quelque chose d'universel.

Tu t'es documentée ?
Bien sûr. Mais c'est une histoire qui se vit de l'intérieur, et qui se nourrit de mes expériences aussi. Je ne crois pas qu'on puisse bien écrire sur quelque chose qui ne nous touche pas intimement. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu'il faille ne parler que de son nombril à longueur de pages... enfin, cela dépend toutefois de la perfection dudit nombril !

S’agit-il de ton premier livre ?
Non mais, ça fait presque trente ans (si !) que je n'en ai pas publié. Je trouve que c'est une démarche compliquée, affectivement parlant je veux dire. On se pose plein de questions, est-ce que j'ai quelque chose à dire, vraiment ? Est-ce que j'ai envie de le dire à des inconnus ? Ce n'est pas seulement « est-ce que ça plaira », même si, oui, la question est essentielle !